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Son mari stérile est bien le père de son enfant

Sa vasectomie n’a pas fonctionné dans les délais habituels : il se croyait stérile, il est redevenu papa. Le couple attaque le médecin en justice pour négligence.

Le petit Daynn est âgé d’un peu plus de 5 ans. Ses parents, un couple de Thouars (Deux-Sèvres), étaient pourtant loin d’imaginer qu’ils allaient avoir un septième enfant. Et pour cause : le papa avait subi une vasectomie plus d’un an auparavant.

C’est lorsque Cathy Sanchez apprend qu’elle est enceinte pour la sixième fois, à 38 ans, que son mari subit une opération pour devenir stérile, réalisée par un chirurgien de Thouars, à l’été 2007.

«  Sept ans de galère  »

« En juillet 2008, j’ai eu une petite éventration, car j’avais eu trois césariennes », raconte Cathy Sanchez. C’est le même médecin qui opère. A ce moment-là pourtant, Cathy a des symptômes de grossesse. Pour lui, elle ne peut pas être enceinte. Des complications obligent la mère de famille à passer des radios et à être opérée de nouveau. Quelques jours plus tard, un test et c’est la consternation : « J’étais enceinte d’un mois et demi. »
Les médecins craignent de graves séquelles pour l’enfant : ils conseillent l’avortement. Hors de question pour le couple. Finalement, le petit Daynn est né en pleine santé.
Comment Cathy a-t-elle pu tomber enceinte avec un mari stérile ? Une réponse facile s’impose : la maman a forcément « fauté » avec un autre homme. Mais elle dément catégoriquement. « Dès que j’ai su que j’étais enceinte et qu’on m’a traitée de menteuse, j’ai porté plainte. »Elle reproche au médecin de n’avoir pas effectué de vérifications postopératoires de la stérilité de son mari, ni de test de grossesse avant de l’opérer.
La justice nomme alors un expert, qui confirme que le mari de Cathy est bien stérile. Le chirurgien a réussi son acte (*). La maman ne désarme pas et, avec l’aide de son avocat, Thierry Dallet, le couple obtient un test ADN : le mari est bien le père ( lire ci-dessous). Pour Thierry Dallet, « c’est sans précédent. Cela remet en cause les données scientifiquement admises sur la vasectomie. Normalement, les risques résiduels de fertilité durent au maximum vingt-quatre semaines. Pour M. Sanchez, on est bien au-delà d’une année. »
L’affaire a entraîné le couple dans « sept ans de galère »,durant lesquels Cathy a subi des accusations d’infidélité, vu sa famille bouleversée et surtout, sa grossesse difficile, terminée par une quatrième césarienne, a eu de graves conséquences sur sa santé : « J’ai une plaque de 17 cm dans le ventre et je ne peux pas travailler sans l’aide d’organismes pour les personnes handicapées. »
Le couple demande à être indemnisé à la fois pour le préjudice moral et les séquelles de Cathy. L’affaire sera plaidée au tribunal de grande instance de Niort au plus tard en janvier 2015, pour une décision en février.

(*) Nous n’avons pas pu joindre son avocat.

REPERES : 

Difficile d’obtenir un test ADN pour prouver sa paternité

Plusieurs années durant, Cathy Sanchez a dû subir les lourdes suspicions d’infidélité des médecins comme de ses proches. « Heureusement, on est une famille unie, mais toutes mes amies m’ont tourné le dos, il y a eu des frictions avec ma famille… Pour mes enfants, ça a été très dur. Tout ça nous a fait beaucoup de mal », raconte la mère de famille.
Ces soupçons pouvaient être levés avec un simple test ADN. Mais il a fallu beaucoup de patience au couple, car il n’est pas si simple d’en obtenir un.
« En France, on ne fait pas de test ADN sans décision de justice », explique Thierry Dallet, avocat des parents thouarsais. Le tribunal administratif, où était examinée l’affaire avant d’être redirigée vers le tribunal civil, a refusé de faire réaliser le test de paternité par l’expert nommé pour vérifier si la vasectomie avait été correctement réalisée.
Pour enfin prouver que le mari de Cathy Sanchez était bien le père du petit Daynn, bien après sa naissance, le couple n’a donc pas eu d’autre choix que de se lancer dans une procédure contentieuse. « Mon mari a dû porter plainte contre moi, dire qu’il contestait sa paternité », raconte Cathy Sanchez, bien que les deux Thouarsais aient toujours eu confiance l’un envers l’autre.

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